"Tandis que mon p?re s'endort peu ? peu contre moi, je lui parle une derni?re fois: plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera... Tu feras un livre, le nain jaune, pour le camoufler. Au m?me ?ge que toi, j'en ferai un, des gens tr?s bien, pour l'exposer. Et je vivrai la derni?re partie de ta vie... La mienne. Dors mon petit papa, dors... Ce livre aurait pu s'appeler "fini de rire". C'est le carnet de bord de ma lente lucidit?". (A.J.).
Dans un archipel du Pacific Sud, ignor? des g?ographes, l'?le des Gauchers abrite peu de droitiers. Cette minuscule soci?t? fond?e par des utopistes fran?ais en 1885, s'est donn?e pour but de r?pondre ? une question d'importance: comment fait-on pour aimer? Sur cette terre australe, le couple a cess? d'?tre un enfer. Voil? ce que vient chercher dans l'?le des Gauchers lord Jeremy Cigogne. ? trente-huit ans, cet aristocrate anglais enrage de n'avoir jamais su convertir sa passion pour sa femme Emily en un amour v?ritable. ? trop vouloir demeurer son amant, il n'a pas su devenir son ?poux...
Le jour o? mon p?re est mort, le 30 juillet 1980, la r?alit? a cess? de me passionner. J’avais quinze ans, je m’en remets ? peine. Pour moi, il a ?t? tour ? tour mon clown, Hamlet, d'Artagnan, Mickey et mon trap?ziste pr?f?r?; mais il fut surtout l'homme le plus vivant que j'ai connu. Pascal Jardin, dit le Zubial par ses enfants, n'accepta jamais de se laisser gouverner par ses peurs. Le Zubial avait le talent de vivre l'invivable, comme si chaque instant devait ?tre le dernier. L’improbable ?tait son ordinaire, le contradictoire son domaine. ...
Libert? a 18 ans. Elle refuse ce que la plupart des femmes tol?rent: un amour imparfait, sans folie. Inapte aux compromis, Mademoiselle Libert? ne con?oit pas d'?tre raisonnable, de se contenter d'une petite part de bonheur. L'infini est sa mesure, l'absolu son oxyg?ne. Anim?e par un go?t prodigieux pour le plaisir, elle bondit vers ses app?tits.Horace, le proviseur de son lyc?e, sait lui aussi vivre la vie: ce furieux ne se repose que dans l'hyperbole. Mari? ? une ?pouse professionnelle, il r?ve de foncer dans un destin superlatif.Libert? d?cide de chercher avec la perfection: elle ne se contentera pas d'un brouillon de liaison, elle exigera la passion int?grale, port?e ? son comble, fignol?e jusqu'au d?lire.Ces deux forcen?s tenteront un amour id?al. Ils d?sirent un chef d'?uvre sinon rien.
